Actes Sans Paroles : Beckett/Dupuy

Actes Sans Paroles : Beckett/Dupuy

Dominique Dupuy fait partie de nos « trésors vivants ». Pionnier de la danse moderne française, il fut l’interprète de Jean Weidt et le témoin et acteur de la formidable aventure de la création contemporaine depuis plus d’un demi-siècle. Dominique Dupuy poursuit inlassablement son acte de création. Et c’est en actes qu’il nous ouvre à l’univers et à la pensée de Beckett.

Dans Acte sans paroles, on est dans ce que Beckett nomme lui-même la scène du théâtre, en présence d’un personnage, l’homme, muet, que Beckett confronte à une action.
Cette action c’est un enchaînement d’actes simples, décrits dans des didascalies d’une exceptionnelle minutie, à réaliser avec une efficace précision. Se substituant à une quelconque signification portée par la parole, ces actes muets déterminent une rare présence physique à l’espace et aux objets, autrement dit une très forte présence au réel, ainsi porté à incandescence.

Dupuy a jeté dans les années 1950 les bases de la danse contemporaine en France et s’est souvenu, tout au long de sa vie d’artiste, de l’apport de Beckett à la dramaturgie moderne. En montant Acte sans paroles, pièce sans dialogues, mais avec actions calées au geste et à la seconde près, Dominique Dupuy nous hypnotise. Il partage son art de la présence pure et immobile avec celui d’un circassien fougueux échappé du Collectif Ivan Mosjoukine, puisque, l’un à la suite de l’autre, ils interprètent cette même partition. Une variation d’une génération à l’autre – d’un jeune corps à un corps de vieux maître -, dans un beau geste de transmission. Programmé lors de la 35e édition du festival Les Hivernales, à Avignon, ce spectacle raconte l’histoire de la danse à sa manière.

Acte sans paroles est une parabole de la naissance, de’évolution, de la lutte de l’homme avec le monde, la vie, la divinité.
Métaphoriquement nu dans un monde désertique, cet homme est
tout de suite appelé à agir. Et tout de suite, il connaît la douleur, la
tromperie, les séductions, les désillusions. Le monde, autour de lui,
se peuple de choses, d’objets, de couleurs, de sons qui, à première
vue, l’attirent et lui donnent de nouvelles possibilités d’existence.
Mais ils se révoltent contre lui. Cependant, à la fin de son chemin de
connaissance l’homme ne sort pas vaincu, il se dresse au centre du
monde en une position de défi, ferme, tandis que tout autour de lui se déchaîne un
monde de sollicitation qui ne peut attaquer son obstination à vivre. C’est le miroir
exact de ce que nous transmet la tragédie Winnie (Oh les beaux jours). C’est
l’introduction à la phase finale dans laquelle nous verrons Winnie enterrée jusqu’au
cou et pourtant plus que jamais attachée à défendre sa propre survie.
C’est pourtant un héros passif dans ce mime, parce qu’il est soumis à sa
condition d’être et d’être là, il incarne l’un des aspects, l’un des pôles situationnels
des figures est la position embryonnaire qui représente le mieux l’état idéal de l’être,
l’état de foetus dans le ventre maternel : l’être y est protégé. Il est hors d’atteinte.
Pourtant, soumis à sa condition d’être humain, l’homme marionnette, à qui même la
mort est refusée, doit se résigner au rôle attribué par le destin : « Sisyphe sans
larmes ».

Origine de ces textes et compléments d’information sur le MimodrameImagehttp://www.ericzobel.free.fr/dossier_acte_%20sans_parole_beckett.pdf
http://www.telerama.fr/art/beau-geste,93660.php
http://theatre-chaillot.fr/danse/dominique-dupuy/acte-sans-paroles

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