Bouton d'or

Bouton d'or

se-boutonner.jpgAujourd’hui, je m’intéresse à un infime détail de la mode, qui nécessite un grand investissement de notre corps. Un tout petit élément joyeux que j’aperçois sur votre chemise monsieur ou au bas de votre blouse mademoiselle : vos boutons de vêtements.

Un des gestes les plus précis que nous faisons tous les jours, plusieurs fois par jour, tout au long de notre vie : fermer nos vêtements avec des boutons.

Le boutonnage appartient à l’activité motricité fine.

Cette motricité fine exige des commandes motrices pour les yeux, la dextérité manuelle et la coordination occulo-manuelle, entre autres.

On n’enfile pas un bouton du jour au lendemain.  On apprend la stratégie pour le faire.

buttons-featureSi pour la plupart d’entre nous, les boutons ou les fermetures Éclair ne présentent aucun problème, il n’en est pas de même pour les jeunes atteints d’autisme. Même les étiquettes, que nous mettons machinalement derrière, peuvent devenir une difficulté pour eux. Les activités Montessori existent en nombre sur ce sujet, car de fait le boutonnage est un
«marqueur d’évolution». Les psychomotriciens utilisent cet exercice activité pour donner et redonner de l’autonomie.

montessori-1En effet, le boutonnage est une action complexe qui nécessite la précision du geste, de la finesse de préhension, une sensibilité tactile. La tâche est donc particulièrement difficile pour les personnes atteintes de rhumatismes, les personnes souffrant de tremblement ou de troubles de la coordination et pour les personnes qui ont perdu l’usage d’une main.

Une gamme entière d’aide à l’enfilage existe pour faciliter ce geste :l’enfile bouton, le crochet d’habillage…le principal conseil restant   d’éviter les boutons ou de les remplacer par des velcros.

Pour info, de 3 à 4 ans un enfant commence à maitriser les gros boutons sur le devant  d’un vetement, de 4 à 5 on passe a une taille moyenne de bouton. Plus tard selement les boutons fantaisies et les petits boutons pressions.

Mais qui a eu l’idée de cet instrument de torture pour mains fatiguées ? On pouvait pas faire des nœuds non ? N’étant moi-même fibulanophile, voilà un peu d’histoire

robe38_514150825_north_385x524_whiteOn ignore la date d’apparition du bouton mais  Le musée du Louvre conserve dans ses départements Antiquités orientales et Antiquités étrusques, grecques et romaines de nombreux boutons perforés en matériaux divers (pierre, bois, bronze, or, argile, terre cuite…), dont les plus anciens remontent au quatrième millénaire avant J.-C. Des boutons datant de 2000 ans avant J.-C., petits coquillages sculptés, triangulaires ou circulaires, percés de trous, ont été retrouvés lors de fouilles dans la vallée de l’Indus. Vers la même époque, la présence de boutons boulettes de tissu ligaturé, que l’on enfile dans un passant rapporté sur l’autre partie du vêtement est attestée en Chine. On suppose que ces boutons antiques étaient plutôt objets de parure que de fixation du vêtement. Certains, à décor géométrique ou figuratif, ont servi de sceau ou de cachet.


L’objet bouton serait arrivé en France avec les croisés de retour du Moyen-Orient (entre le XIe et le XIIIe siècle), très impressionnés par les casaques boutonnées jusqu’aux pieds que portent les Turcs. C’est au XIIIe siècle que l’usage du bouton commence à se répandre.

Vers 1340-1350, l’Europe entre dans une ère nouvelle, considérée comme la naissance de la mode, du latin « modus », manière ou façon nouvelle de s’habiller – qui donnera le terme anglais fashion. On abandonne le principe vestimentaire commun aux deux sexes et les vêtements amples, drapés loin du corps, hérités de l’Antiquité.

La mode des vêtements ajustés du milieu du XIVe siècle va rendre nécessaire l’emploi du bouton qui facilite le déshabillage. Son essor est dopé par la baisse du coût du cuivre.

Le boutonnage ne concerne d’abord que le vêtement masculin – sans doute craint-on qu’un déshabillage facilité ne soit préjudiciable à la vertu des femmes !

bouton-chuassureLe bouton est aussi un ornement, marqueur social de celui qui le porte:  Le bouton dit des mots d’amour, des rébus, ou un message politique, comme ces boutons révolutionnaires ou de la Libération. On aurait d’ailleurs pu montrer une gravure de Saint-simoniens dont l’habit se boutonnait à l’arrière, afin de montrer le rôle éminemment social et sociabilisant du bouton : pour se boutonner, on a besoin les uns des autres.

En 1780, le bouton est anglais. Et l’anglomanie fait du bouton un accessoire indispensable de la mode féminine. Bientôt, il y aura des boutons partout, sur les robes, les manteaux, mais aussi les bottines et même la lingerie. Au XIX° siècle, la mode masculine fait du bouton l’accessoire recherché de l’homme élégant. Paul Poiret, dira que l’emplacement du bouton répond à « une géométrie secrète qui est la clef de l’esthétisme ». L’art du bouton suit les changements du goût, mais aussi des courants artistiques des époques. Il y a des boutons Fin de siècle, des boutons Art nouveau, des boutons Art déco, des boutons cubistes, des boutons abstraits, des boutons hippies ou ethniques. Leur matière est précieuse, or, diamant, ivoire, soie, nacre, corozo, os, émail ou bien plus commune, papier, tissus, bois, plastique, métal. Le bouton est travail d’artiste et d’ouvrier. Le bouton prend toutes les formes, ronde bien sûr, géométrique ou baroque. Il est sobre ou décoré, civil ou militaire. L’exposition n’oublie pas l’aventure industrielle du bouton. Cocorico : la fabrication française est l’une des plus florissante d’Europe jusqu’en 1950. On doit à Colbert l’encouragement aux manufactures de boutons et le ministre concède aux passementiers boutonniers le monopole des boutons de fil. A la révocation de l’édit de Nantes, les boutonniers protestants transporteront leur savoir-faire en Angleterre, en Hollande et en Prusse. En 1830, l’industrie nationale supplante sa rivale anglaise. De nos usines et ateliers sortent les plus beaux boutons. La boutonnerie s’adapte au progrès technique et se mécanise : l’Exposition de 1855 montre les machines à boutons d’étoffe ou de métal. La production connut deux âges d’or, à la fin du XVIII° siècle et de la fin du XIX° à 1940. Puis les grandes maisons de la boutonnerie seront rattrapées par les mutations économiques, et le bouton français se réfugie dans la haute couture. 

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Je termine la rédaction de cet article et réalise que j’aurais du traite les lacets et les fermetures dans la foulée. Pardonnez-moi et n’hésitez pas à consulter les liens suivants dont j’ai tiré l’essentiel de cet article.

Histoire du bouton :
http://www.gazetteassurance.fr/naguere-des-boutons-lexposition-deboutonner-la-mode-au-musee-des-arts-decoratifs-de-paris/

http://les8petites8mains.blogspot.com/search/label/boutonnage?_sm_au_=iVVDr6H42Q462sSJ

Discussion sur le sujet du boutonnage et handicap : http://forum.doctissimo.fr/sante/handicap/vetir-lorsqu-handicape-sujet_738_1.htm

Ligne de vêtements pour jeunes autistes : https://www.independencedayclothing.com/Activités + commentaires sur le sujet : http://www.newelly.com/une-ligne-de-vetements-specialement-concue-pour-les-enfants-autistes/

Article médical, sur le chemin de l’autonomie :
http://www.psychomot.ups-tlse.fr/Koscielniak2010.pdf

 

 

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