Le mimétisme corporel (avant les neurones miroirs)
A force de regarder passer des bancs de poissons et des troupeaux de buffles (j’utilise parfaitement mon temps libre), j’ai décidé de vérifier ce qu’était exactement le mimétisme comportemental. Ouachhhaaaaa..que de littérature sur le sujet ! j’en baille….et tiens…on m’imite….
Du coup, pour le banc de poisson, je vous le dit tout suite, il s’agit bien d’actions individuelles pour lutter contre les prédateurs.
Pour nous autres humains, je vais devoir divisons donc le sujet, en partant la page Wikipedia. je vous ai défriché le sujet en enlevant ce qui me semblait trop compliqué (pour en savoir plus notamment sur le plan psychologique)
Le mimétisme consiste, pour un végétal ou un animal, en l’imitation de son environnement. En tant que stratégie, le végétal et l’insecte tendent à imiter les couleurs et-ou les formes ; en tant qu’intégration sociale, l’animal tend à imiter ses congénères.
Sur le plan comportemental, le mimétisme est un mécanisme fondamental de l’apprentissage qui passe par la synchronisation de ses propres gestes avec ceux de la personne imitée.
La reproduction d’un geste est à la base de la mémorisation d’une technique.
C’est en voyant l’autre faire que l’on se représente l’utilité ou l’intérêt de la chose faite, en même temps que l’on découvre l’apparence que prend ce geste. Ensuite, c’est en reproduisant le geste que l’on découvre sa difficulté, et que l’on se forge un souvenir de l’enchaînement d’actions élémentaires (au niveau musculaire et conscient) nécessaire à son accomplissement.
Le mimétisme intervient pour toutes sortes d’apprentissages :
- l’utilisation de son corps dans l’espace
- l’utilisation d’outils et l’acquisition de techniques
- l’acquisition du langage
- l’acquisition de mécanismes mentaux (déduction, résolution de problèmes)
Dans la lignée de la pensée girardienne, les chercheurs Vittorio Gallese, Andrew Meltzoff, Scott Garrels et le français Jean-Michel Oughourlian ont travaillé dans le cadre de l’Universite Stanford sur l’imitation et les découvertes en psychologie génétique et neurosciences, notamment l’existence des neurones miroirs.
D’après leurs recherche, dès les premiers instants suivant la naissance, ces neurones qui font un lien entre les parties du corps des êtres observés par le nouveau né à ses propres organes, sont le facteur essentiel de l’apprentissage.
Petit point de vocabulaire: On conçoit que L’échopraxie, ou échokinésie, est une tendance involontaire spontanée à répéter ou imiter les mouvements d’un autre individu. Ce trouble est très proche de l’écholalie, la répétition involontaire des paroles d’un autre individu.
Le mimétisme comportemental en tant que facteur culturel
Selon René Girard, le mimétisme est une relation ternaire,
« un triangle de vaudeville ». Dans l’évolution comportementale, cela la distingue de l’unité (prototype : mère / enfant à naître), et de la relation binaire (prototype : bébé / mère=nourriture).
Il s’agit d’une recherche d’identité, non pas (ou plutôt, non pas seulement…) par absorption de la substance du modèle, mais aussi de ses relations (son comportement, sa place…) avec le reste du monde : le sujet imite son modèle par rapport aux tiers, objets ou personnes. Cette relation ternaire est donc la suite logique de la relation binaire, et non une alternative
Chez Gilles Deleuze, René Girard, comme chez Gabriel Tarde, ce qui s’exprime dans les collectifs, ce sont des énergies propres à la dynamique de la masse, des grands groupes. Certaines émotions, certains fantasmes, sont typiques des grands corps sociaux que constituent les peuples par exemple. Des émotions provoquées par une star (actrice ou chanteuse). Ou bien par les attaques d’un « ennemi ». (Cet Ennemi suprême, selon quelqu’un comme Carl Schmitt, constitue, avec l’Ami fidèle, l’un des deux pôles du couple Politique. La politique, selon ce juriste, se déroule sur la scène du milieu partagé entre une amitié et une vengeance.)
C’est qu’il y a des émotions collectives, provoquées par des événements, et portées par des courants d’imitation. Pensons aux attentats du 11 septembre 2001. Ces émotions, elles se communiquent aux individus et aux groupes à travers les canaux des médias de masse. Avec les journaux imprimés, les magazines consacrés, la radio, la télévision, l’Internet, une émotion de groupe peut s’emparer d’un individu et se propager. Des individus deviennent ainsi liés ensemble par un stress collectif, une même émotion qu’ils partagent.
Ensemble dans une même expérience, ces individus intègrent quelque chose des courants de force collective. Ces courants, ce sont des vagues d’imitation de la sensation collective. L’émotion se diffuse par imitation sensationnelle, comme une épidémie de peste affective à travers les canaux médiatiques. Les tuyaux de sons et de lumière. Les fibres optiques ; les ondes acoustiques. De cette perspective, les peuples eux-mêmes sont coordonnés par des mécanismes qui imitent un stress collectif, qui propagent une même sensation à travers tout un peuple. En ces mécanismes de diffusion, des énergies affectives s’écoulent et produisent des hallucinations collectives. Des perceptions réellement partagées entre plusieurs partenaires de l’expérience. Ce sont ces délires affectifs qui font qu’un peuple se sent exister en tant que peuple uni.
L’unité du peuple tient essentiellement au fait que dans certaines circonstances, il est capable d’agir comme un unique paranoïaque écrivait Élias Canneti.
Dans les sociétés de communication, le pouvoir tend à produire des modèles qui régulent le comportement et l’apparence des populations et des individus.
De là cette définition du groupe social, selon Gabriel Tarde: une collection d’êtres en tant qu’ils sont en train de s’imiter entre eux ou en tant que, sans s’imiter actuellement, ils se ressemblent et que leurs traits communs sont des copies anciennes d’un même modèle.
Mimétisme et psychologie sociale
Le mimétisme comportemental peut aussi être examiné au niveau de ses conséquences sur la société, par le biais de la psychologie sociale. Il est en effet à la source de phénomènes de groupe ou de foule pouvant conduire à des travers comportementaux excessifs, voire des aveuglements dangereux allant du simple conformisme jusqu’à l’hystérie collective. René Girard présente par le concept du « bouc émissaire » :
« Lorsque le mimétisme s’exaspère, dans un groupe en situation de crise, au lieu de toujours diviser ceux qu’il contamine, à son paroxysme, il devient cumulatif, il fait boule de neige contre un membre de la communauté, ici Œdipe, qui finit lynché ou unanimement expulsé, et la violence alors s’interrompt. L’émissaire apparaît en fin de compte comme responsable et de la violence et de son interruption, tout aussi secourable au total que redoutable pour commencer. »
Pour en savoir plus :
l’échokinésie