Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc

Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc

Image » l’étudiant doit copier sans réserve les fondamentaux de la forme, sans déviation ou interprétation personnelle. C’est là l’entraînement essentiel du cœur afin d’établir l’attitude juste et dissiper les résistances. Nous devons pratiquer de manière répétée, en essayant d’en rester à la forme établie et en faisant cela nous nous confrontons à notre frustration et au désir de faire les choses dans notre propre sens. Ce qui nous est enseigné ce sont les fondamentaux qui sont aussi les possibles absolus de la forme, ainsi pouvons nous, par exemple, continuer à chercher à prendre la position correcte jusqu’à la fin de notre vie. Une fois que la pratique commence à être mieux acceptée et intégrée au corps, le pratiquant se trouve au niveau de gyo, là où la forme s’exprime avec un certain degré de naturel. A la suite de quoi, la condition ultime de so est l’état dans lequel pratiquant et forme ne font plus qu’un. Le caractère so est le caractère pour « herbe » (kusa), figurant le mouvement avec mille choses comme si nous
bougions à l’instar de quelqu’un dans un champ d’herbes hautes »

Ce texte est tiré de http://www.kyudo-geneve.ch/kk_fr/articles/doc/zen_art_archery.pdf

Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc est un petit livre écrit par Eugen Herrigel ( 1884 – 1955 ), professeur de philosophie allemand qui s’intéressait au mysticisme. De 1924 à 1929, il a enseigné la philosophie au Japon, où il a étudié le kyūdō (l’art japonais du tir à l’arc ) sous la direction du maître Awa Kenzo, qui l’enseignait d’une façon considérée par certains comme une religion mystique, appelée Daishadokyo. Daishadokyo était une approche du Kyūdō qui insistait sur l’aspect spirituel, ce qui la différenciait de la pratique courante de l’époque. En 1936, Herrigel écrivit un essai de 20 pages sur son expérience, et en 1948 l’étendit sous forme d’un petit livre, traduit en anglais en 1953 et en japonais en 1955. Eugen Herrigel raconte qu’il veut étudier le zen discipline que l’approche occidentale ne permettait pas de comprendre à ce moment-là. Il trouve alors le kyūdō comme support à cette étude, et de fait, le sujet du livre est le zen à travers le kyūdō, qui est évoqué sans s’étendre sur les détails.

Dans le fond, l’idée centrale du livre est liée à la question qu’il pose à son maître : « Mais comment le coup peut-il partir si ce n’est pas moi qui le tire ? » Cette idée centrale s’étend ensuite jusqu’à la problématique de l’atteinte du but, qui se fait selon lui « avec une sûreté somnambulique » et « sans avoir visé consciemment » ; le fameux « lâcher-prise« . Comme il le dit : « L’archer cesse d’être conscient de lui-même en tant que personne appliquée à atteindre le cœur de la cible qui lui fait face. Cet état d’inconscience est obtenu uniquement quand, complètement vide et débarrassé du soi, il devient un avec l’amélioration de sa technique, bien qu’il y ait là dedans quelque chose d’un ordre tout à fait différent qui ne peut être atteint par aucune étude progressive de l’art…« .

Voulant supprimer toute dualité entre le mal et le bien, Herrigel estime donc qu’aucun but ne doit être visé. La cible n’existe pas, le tireur n’existe pas. Avant de tirer nous devons atteindre un état totalement détendu, tendre à l’oubli de soi, « redevenir un enfant ». Aucune pensée ne doit venir perturber cet état. Le tireur ne tire pas la flèche mais autre chose. En d’autres termes, il ne serait donc pas nécessaire de viser la cible.Image

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