MOTUS MORI,

MOTUS MORI,

MOTUS MORI, la mémoire des gestes.

C’est l’histoire d’une quête, Katja Herman, une chorégraphe allemande basée au Pays-Bas donnent une nouvelle approche des gestes des disparus.

 » Ma mère est décédée il y a 12 ans, mon père l’année dernière… Il ne reste rien, du moins rien de matériel, pas de maison, pas de testament, pas de lettre d’adieu. Parfois, j’arrive à recréer le même geste de la main de ma mère. Ou la combinaison épaule-tête-pupille-incinération de mon père, qu’il faisait toujours quand il avait des moments difficiles… Parfois je vois un homme âgé marcher dans la rue et sur le moment je pense que c’est lui… Ce corps fatigué, qui continue à avancer, dos rond, épaule pendante devant, tandis que la tête essaie de regarder vers le haut… J’aurais souvent souhaité les observer plus attentivement. Ainsi, je serais en mesure de garder vivant leur héritage de mouvement.  » Katja Heitmann (juillet 2019)

Avec 10 danseuses, Katja Herman répertorie autant de gestes que possible. Sur la base du volontariat, tout un chacun peut passer un moment avec la compagnie pour contempler, absorber les gestes : se gratter le nez, se lever, bouger, marcher. Les habitudes gestuelles sont étudiées pour être reproduites. Le but de cette effet de loupe est de créer un portait des mouvements. . Ces gestes sont enregistrés et deviennent la mémoire du corps de danse.
A ce jour les 10 danseuses connaissent entre 50 et 200 corps. La mémoire corporelle de ceux qui ont bien voulu leur confier.

Il y a surement un grand besoin de cette démarche (ceux qui se confient) et l’ensemble du projet est remarquable. Au-delà de la voix qui s’efface quand un proche s’en va, il est vrai que l’on retrouve parfois au détour d’un café une attitude, une façon se triturer le lobe d’oreille, quelque chose de l’autre. Ce moment est éphémère, un geste l’est aussi. Hors le projet MOTUS MORI en faisant acte d’archiviste capture des moments. Des instants privés qui alimentent une mémoire collective. Je vous conseille une promenade sur le « non-site internet » du projet.